Dans nos campagnes, dans tous les mas, il y avait un, voire deux chevaux. Tout dépendait de l’importance de la propriété. La famille Chaudoreille en possédait deux : Muscat et Négro, des percherons. Les chevaux servaient à toutes sortes de taches ; ça allait des labours aux transports, et j’en passe. Le percheron est un cheval docile et robuste. C’était le 4x4 de l’époque ! Et oui, quatre pattes ! Et il sortait dans toutes les situations. Mais celui-là, il fallait le nourrir, non pas d’essence, mais de foin et d’eau.
Petit à petit, les tracteurs ont fait leur apparition, et dès qu’un cheval devenait trop vieux, il était remplacé par un tracteur. Bien sûr, comme dans tous progrès, il y eut des réticents, mais la modernisation a fait le reste.
Parmi les réfractaires, à Lascours, il y avait Mr Aurivel, qui a tenu bon. Il avait dit :
« tant que mon cheval vivra, je travaillerai mes terres, le jour où il mourra, et bien je m’arrêterai ». En effet, il arrêta et remis ses terres à la famille Fontane.
Chez les Chaudoreille, le beau percheron Muscat était un sacré malinas et très gourmand par-dessus tout. Pour boire, les chevaux allaient au bassin dans la cour. Sur le coup de midi à la belle saison, la porte de la cuisine restait ouverte, il y avait simplement un rideau pour éviter aux mouches de rentrer. Muscat qui entendait le bruit des assiettes, venait s’inviter et, pénétrait des ¾ de son corps dans la pièce, réclamant son morceau de pain. Il en avait pris l’habitude et ça amusait toute la famille.
Et oui c’était comme cela il y a 50 ans, les animaux faisaient partie de la famille. De nos jours, certains ne supportent même pas le chant du coq ou le tintement du clocher de l’église, sûrement dû au progrès…